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Les articles de Paul Marillier

English version

DAGUERRE, CLAUDET, LEREBOURS :
l'éclosion du daguerréotype "instantané"

Les portraits par DAGUERRE

François Collignon

François Jules COLLIGNON, peintre et graveur.

COLLIGNON est le mari de Marie Félicité, dite Felicity, fille de Charles ARROWSMITH, frère de Mme DAGUERRE. COLLIGNON est décédé le 15/11/1846 à Bry-sur-Marne chez DAGUERRE

Daguerréotype, 1/2 plaque
Signé DAGUERRE, en bas, coin gauche
Date probable : 1843
Provenance : la mystérieuse collection Gabriel CROMER (daguerréotype conservé à la Georges Eastman House)
(Reproduction extraites des archives de l'historien P.G. HARMANT)

* voir également pour COLLIGNON : le portrait de DAGUERRE, en frontispice, sur la deuxième édition du Manuel.

Signature de Daguerre
La signature du daguerréotype ci-dessus, améliorée par traitement informatique.
Acte de décès de Collignon
Acte de décès de François COLLIGNON : Transcription de l'acte

Quelques portraits au "Daguerréotype" par DAGUERRE

La liste n'est pas exhaustive...

- Louise Georgina, sa femme, née ARROWSMITH, filleule de la Princesse de Lamballe qui l'a tenue sur les fonds baptismaux. Mme DAGUERRE était protestante, mais sa marraine catholique. Une tolérance due au rang de celle-ci ? Mais ceci explique les relations de DAGUERRE et du Roi.

Louise Daguerre

- Georgina, fille de John, le frère de Mme DAGUERRE, à 19 ans.

Georgina Arrowsmith

- COLLIGNON, peintre et graveur.

- GOSSE, peintre et décorateur ; au dos, on pouvait lire: "A mon ami, Gosse, DAGUERRE, fait en six secondes, par temps brumeux en 1843" (collection de M. Aimé Girard, de la SFP).

- Portrait d'un jeune homme inconnu (collection Nadar, puis collection BNF).

- MORSE *, l'ingénieur, 1843 ; attribué à DAGUERRE.

Portrait de Morse

- Sa cuisinière, à Bry. (Donné par DAGUERRE à Arago)

La cuisinière de Daguerre

- Portrait d'un inconnu (Donné par DAGUERRE à Arago), (Collection Lo Duca, qui l'intitula "L'Avare").

Daguerréotype "L'Avare"

Vers 1843, DAGUERRE apprécie les avantages du "petit format", 1/2 et 1/4 de plaque, et la préparation des plaques par les accélérateurs qui permettent le portrait et les "instantanés".

Il "daguerréotypie" à tout va, la famille, les amis... J'oubliais, son petit chien Médor (collection Braive), qu'il cite dans une lettre du 9/07/1837 adressée à Isidore Niépce : "Je vous remercie, mon cher Isidore, de l'envoie de pain d'épices, que vous nous faites pour notre petit Médor, je suis persuadé qu'il sera bien sensible à cet aimable souvenir de votre part et qu'à la prochaine occasion il vous dévorera de caresses."

Daguerréotype représentant un chien

Les signatures de DAGUERRE

Les daguerréotypes de DAGUERRE sont habituellement signés, en bas, coin gauche, à la pointe sèche. Quelquefois, DAGUERRE, sur la plaque identifie le "daguerréotype" avec une date qui n'a rien à voir avec celle de l'obtention du portrait. Ce détail a été relevé par PGH dans le dossier personnel qu'il a consacré au sujet. Voici quelques exemples de signatures qu'il a relevés :

Signature de Daguerre, n°1 Signature de Daguerre, n°2
"sur daguerréotype après 1839" "sur contrat 1829 à Châlon"
Signature de Daguerre, n°3.1
Signature de Daguerre, n°3.2
Signature de Daguerre, n°4.1
Signature de Daguerre, n°4.2
"sur contrat du 22.VI.1839 avec Giroux" "lettre du 1.VII.1839"
Signatures de DAGUERRE, par PGH

Les souvenirs de DAGUERRE

A la vente aux enchères publiques (date probable 1853), certains de ses biens furent dispersés, y compris ceux dits "du Laboratoire de DAGUERRE". Plusieurs acheteurs se firent connaître par la suite :

qui acquirent tous les deux des chambres noires, des boîtes à mercure, à iodes, à pastel ; en tout, plus de 20 pièces.

Un portrait qui n'est pas de DAGUERRE

Le roi Louis-Philippe

Le Roi Louis-Philippe. Date probable : juin/juillet 1842.

Les portraits du roi Louis-Philippe et de la reine Amélie sont conservés aux Archives Nationales de Paris. Nous lisons dans le "Bulletin de la Société Française de Photographie" (février 1975) :

"EN CE TEMPS-LA, ... LA PHOTOGRAPHIE...

"En ce temps-là, la photographie s'appelait DAGUERREOTYPE et le photographe, humble servant de cette démocratique invention, ne signait pas ses travaux... Aussi ne connaitrons-nous jamais les noms des auteurs des daguerréotypes de Louis-Philippe et de la reine Amélie, son épouse, que viennent de trouver les Archives Nationales en explorant le fonds documentaire dont Mgr le Comte de Paris a fait don.

"L'exploitation de ces archives, jusqu'à maintenant privées donne lieu à une exposition à l'Hôtel de Rohan, sur le thème : Louis-Philippe, l'Homme et le Roi (1773-1850)"

... Mais on peut lire dans une notice de N.P. LEREBOURS (publiée à l'époque du portrait) :

"Un exemple pris au château des Tuileries peut donner une idée de la différence de temps pour un portrait pris à l'intérieur et à l'extérieur. Lorsque nous fûmes admis, M. Claudet et moi, à faire le portrait du roi et d'une partie de la famille royale, le temps était voilé par des nuages blancs extrêmement lumineux. A deux mètres de distance des fenêtres immenses qui donnent sur le jardin (c'est-à-dire au couchant), il nous fallait avec les appareils 1/4 à double objectif, 85 secondes. Toutes les circonstances restant les mêmes, mais en plein air, sur la terrasse de Philibert de Lorme, 15 secondes nous suffisaient. Aussi produisîmes-nous, à cette exposition, plusieurs bons portraits en moions d'un quart d'heure."

Qui sont ces deux photographes, "admis à faire le portrait du roi" ?

Il achète la licence d'exploitation du daguerréotype [en Angleterre] à DAGUERRE (200 £).
On lui doit de nombreuses améliorations sur l'optique, la stéréo, les instruments de vérification, etc.
Il apporte en mai 1841 des perfectionnements à la préparation des plaques daguerriennes avec l'accélérateur au chlorure d'iode (poses de 10 à 20 secondes).
Son ami N.P. LEREBOURS lui fabrique ses objectifs, ses chambres, etc.
Ses travaux, son habileté lui valurent d'être nommé photographe de la Cour d'Angleterre.
Marie, Jeanne, Françoise, PAYMAL, née à Vitry-sur-Marne, célibataire, âgée de 29 ans, couturière, établie au 23, rue Froidmanteau, division des Tuileries à Paris.
Déclare la naissance d'un enfant mâle né le 16 février 1807, de père inconnu, au nom de Noël PAYMAL (et pas Napoléon, comme on le lit souvent !).
L'enfant est adopté par décision du Tribunal en date du 11 juin 1836 par Noël, Jean LEREBOURS, opticien 13 place du Pont-Neuf, né à Mortain (Manche) le 25/12/1761.
Cinq ans après le décès de son père (13 février 1840), N.P. LEREBOURS s'associe, le 15 février 1845, avec Marc, Louis, François SECRETAN (né à Lausanne en 1804). Ces deux associés étendirent leur fabrication aux grands équipements des observatoires astronomiques, lunettes et téléscopes de plusieurs tonnes.

C'est lui qui a sollicité avec succès pour son ami CLAUDET l'autorisation de photographier le Roi.

Lerebours et ses amis
Lerebours, Martens, Gaudin
Reproduction extraite de :
"Le Musée Rétrospectif de la Photographie à l'exposition universelle de 1900", by A. Davanne & Maurice Bucquet, et Léon Vidal. Publié à Paris, 1903, par Gauthier-Villars.
Légendée : "Epreuve daguerrienne (1844). (Lerebours, opticien ; Martens, inventeur du premier appareil panoramique appliqué au daguerréotype ; Antoine Gaudin.)"
Le texte lui-même indique : "une autre plaque également exposée représentait un groupe moins réussi, mais intéressant, dans lequel on retrouve Lerebours, associé de Secrétan, célèbres opticiens de cette époque ; Martens, l'inventeur de l'appareil panoramique ci-dessus mentionné ; Marc-Antoine Gaudin, calculateur au Bureau des Longitudes, et Adolphe Martin, professeur de physique dont les recherches scientifiques contribuèrent aux progrès de l'optique et de la chimie photographique ; cette épreuve appartient à Mme Darlot."
Le texte présente une erreur évidente : Adolphe Martin (1824-1896) avait une vingtaine d'années, et n'était pas encore professeur ! Il a inventé le ferrotype en 1852.
Mme Darlot, qui présentait ce daguerréotype en 1900, était la veuve de l'opticien Alphonse Darlot (Seignelay, Yonne, 03/09/1828 - 05/10/1895). Darlot fit son apprentissage, devint "compagnon" et obtint sa maîtrise à l'âge de 21 ans, chez l'opticien Noël Marie Paymal LEREBOURS. Il s'établit pour ses débuts d'opticien 2-4, place Dauphine à Paris.
Les deux personnages non identifiés portent des blouses d'ouvriers, et sont sans doute des contremaîtres ou des chefs d'atelier.
Pour toutes les informations concernant Gaudin frères, vous pouvez consulter avec profit "Gaudin Frères, Pionniers de la Photographie - 1839-1872", par Denis Pellerin, édité en 1997 par la Société des Amis du Musée Nicéphore Niépce, à Châlon-sur-Saône.

Un des premiers instantanés, par N.P. LEREBOURS

Le Pon-Neuf à Paris

Le Pont-Neuf

LEREBOURS dans une notice de 1842, indique que dans le 2ème semestre de 1841 :

"J'ai fait 1500 portraits !" (avec l'hypersensibilisation [les accélérateurs] de CLAUDET ou de FIZEAU : travaux publiés début 1841)

Précisons sur l'origine de certains documents présentés

© 1999, Paul & Claude Marillier

© 1997-2015, Claude Marillier