Les articles de Pierre G. Harmant
Anno Lucis 1839 (3/3)
L'histoire de la photographie en anecdotes
de Pierre-G. Harmant, archiviste de la Société Française de Photographie
III. Les solutions fraîches
On pourrait être étonné de voir cité le nom de Sir Herschel dans la liste des solutions fraîches. Mais je crois pouvoir assurer qu'il y a deux raisons qui militent en faveur de ce choix.
Dans la savante publication évoquée précédemment, il décrivait la propriété que possèdent les sels alcalins de l'acide hyposulfureux récemment découvert par lui, de dissoudre les halogénures d'argent. Sans cette propriété, la photographie moderne n'existerait pas, sans doute. Certes, on peut dire qu'il existe d'autres solvants des sels d'argent, le cyanure de potassium, l'ammoniaque, dans certains cas, mais c'est pourtant l'hyposulfite que nous employons encore, tout comme en 1839.
Or, Herschel s'intéressa très tôt dans le courant du mois de janvier au procédé de Daguerre. Dans son "Journal" de laboratoire, il notait très brièvement ses manipulations et, comme ces textes sont toujours inédits, je ne puis qu'en donner des extraits choisis 48. Le 29 janvier 49, il s'engage dans le même voie que ses prédécesseurs, Talbot en particulier, et emploie le carbonate d'argent. Il obtient des images et le 30, date capitale, il songe à utiliser l'hyposulfite de sodium "pour arrêter l'action de la lumière, en éliminant tout le chlorure d'argent ou les autres sels argentiques..." et il réussit !
Ce simple texte vient donner enfin la date jusqu'alors fort discutée de l'emploi du solvant des sels d'argent comme fixateur 50. Il mettra d'accord, je pense, les historiens qui discutaient toujours ce point 51. Le même jour, il obtient une image de son fameux télescope. Enfin, pour compléter son apport, il crée un mot nouveau qui va faire fortune : le 13 février, toujours dans son "Journal", on lit pour la première fois "Photography", alors que depuis Stenger, on pensait qu'il était né sous la plume de l'Allemand Maedler, le 28 février. C'est sans doute un point de détail, mais qui méritait d'être souligné à cette occasion 52.
Quels furent ceux qui, tout en obtenant des images, proposèrent un moyen de les stabiliser ? Il semble que l'ordre chronologique désigne d'abord le Révérend J.-B. Reade.
En 1837, ce vénérable ecclésiastique, qui s'occupait de travaux au microscope, songea à utiliser les propriétés des sels d'argent pour copier ce que voyaient ses yeux. Dans une lettre du 9 mars 1839, à Brayley 53, il nous dévoile que "ces dessins sont fixés par l'hyposulfite de sodium". Cette très importante missive nous apprendra des choses passionnantes.
Mungo Ponton
Donc Reade utilisait couramment l'hyposulfite que Sir John Herschel venait juste d'indiquer à Talbot, le 28 février !
Un troisième personnage est resté dans l'ombre. On sait que Daguerre fixait primitivement ses images avec une solution concentrée de sel marin et, dès après la publication de son "Manuel", le sel fut remplacé par l'hyposulfite "parce qu'elle enlève entièrement l'iode, ce qui n'a pas toujours lieu avec la solution de sel marin..." Daguerre a peut-être lu la lettre de Talbot à Biot (séance du 4 mars de l'Académie des sciences) ou bien l'article relatif à la présentation du procédé de Steinheil et Kobell à l'Académie bavaroise des sciences, le 13 avril... A moins que celui en qui je veux voir le bon génie de Daguerre ne le lui ait soufflé.
N'oublions pas que J.-B. Dumas (membre de l'Académie des sciences) faisait alors paraître un monumental "Traité de chimie industrielle" et que, pour les besoins de sa propre documentation, il ne pouvait pas ne pas connaître ce qui se faisait hors de France. Il connaissait en particulier les propriétés de l'acide hyposulfureux et de ses sels, après avoir lu les travaux de Herschel. Pourquoi donc supposer que Dumas ait agit différemment vis-à-vis de Daguerre, comparativement à ce que Herschel avait fait pour Talbot ? Or, chose étrange, dans une revue scientifique allemande, j'ai pu lire que Dumas avait rappelé l'emploi de l'hyposulfite de sodium comme solvant des sels d'argent. Ceci me donne à penser que j'avais oublié quelque part une source française de toute première importance...54
Herschel, Reade, Dumas ont apporté ce qui manquait à la photographie pour être presque complète : ce que nous nommons le fixage. Ils apportaient des solutions fraîches.
Dans un tout autre domaine, trois Français, indépendamment, proposaient des solutions permettant d'obtenir des images raisonnablement permanentes, sur papier. H. Bayard, Lassaigne et Vérignon. Leurs procédés sont si étroitement voisins qu'on se demande par quel miracle ils sont parvenus à le trouver au même moment...Tout récemment encore, les phénomènes mis en cause n'avaient pu être expliqués de façon pleinement satisfaisante.
Lassaigne et Vérignon ont disparu sans rien laisser que leur nom dans l'histoire de la photographie. Toutefois leurs procédés sont esquissés dans une lettre du premier à l'Académie des sciences de 1840 : il rappelle sa présentation devant cette assemblée du 8 avril 1839 et son procédé a été publié dans le numéro de juillet du "Journal des Connaissances nécessaires" de Chevallier, et dans l'"Echo du Monde Savant" du 10 avril 1839, Vérignon et Bayard, chose curieuse, publièrent le même jour leurs procédés respectifs, dans les Comptes rendus de l'Académie des sciences, 1840, P. 337 55.
Tous trois utilisaient un papier recouvert, par une méthode quelconque, de chlorure d'argent, que l'on laissait se colorer au soleil. On obtenait ainsi une nuance violette assez intense. Au moment de l'emploi, on plongeait la feuille dans une solution d'un iodure alcalin et on la mettait, encore humide, sur une plaque dans le plan focal d'une chambre obscure. Sous l'action des rayons lumineux, il se produisait une décoloration proportionnelle à l'intensité de la lumière, ce qui conduisait donc à un positif direct 56.
[sans légende : Bulletin de l'Académie royale des sciences]
Ce qui est surprenant dans le cas de Bayard, c'est que, dès après avoir entendu parler du procédé de Daguerre, il reprit d'anciens essais et, entre le 20 janvier et le 5 février, date de la présentation de ses premières images à Desprets de l'Institut, il réussit à mettre au point un procédé révolutionnaire. Pour des raisons qui nous échappent, Bayard avait sans doute travaillé et laissé de côté des essais primitifs 57. C'est, à mon sens, la seule raison qui puisse expliquer qu'en 17 jours, il ait pu obtenir un procédé complet. Bayard ne mourut qu'en 1887. On le pressa souvent de révéler (complètement) sa méthode de 1839 et il ne le fit jamais. Ce qu'on sait de lui vient de ses contemporains. Les collections de la Société française de photographie sont heureusement là pour prouver que le procédé de Bayard (donc aussi ceux de Lassaigne et de Vérignon) étaient viables. Aucun procédé industriel n'en est sorti : il ne constituait qu'une solution élégante et, comme celle de Daguerre, elle menait peut-être à une impasse, qui explique son abandon.
Nous allons revenir au Révérend J.-B. Reade, qui propose une autre solution originale.
Dans sa lettre du 9 mars à Brayley, déjà évoquée, Reade indique, comme étant susceptible d'augmenter considérablement la sensibilité du chlorure d'argent, l'action d'une infusion de noix de galle 58, en particulier pour l'enregistrement des images du microscope solaire. Il convient de souligner que si les galles de chêne n'avaient guère été utilisés sous cette forme, elles contenaient en substance le germe de l'évolution ultérieure de la photographie qui a mené au développement chimique de l'image latente. Cette "infusion de galle" libère des substances telles que l'acide gallique et l'acide tannique, qui sont des réducteurs des sels d'argent. Donc, sans bien savoir où cela le menait, le Révérend Reade traçait une route toute moderne puisqu'il introduisait le révélateur en surface de la préparation sensible, procédé qui revient à la mode pour certains travaux. L'annonce de ces travaux devait malheureusement provoquer une polémique pénible avec Talbot, lorsqu'il pensa faire breveter plus tard son procédé calotypique. Reade mérite donc de figurer deux fois parmi ceux qui ont proposé des solutions fraîches 59 60 61
Le cas d'un autre anglais, Fyfe, n'eut pas le bonheur de celui proposé par son compatriote Reade ; il n'en présente pas moins des points intéressants.
Abandonnant complètement les chemins rebattus par tous les personnages que nous avons rencontrés, Fyfe chercha si d'autres sels d'argent ne conviendraient pas aussi bien que le chlorure, et proposa le phosphate. On peut lire, en effet, dans cette très importante publication qu'est l'"Edinburgh New Philosophical Journal" 62 pour les débuts de la photographie en Angleterre, qu'il préparait un papier en le soumettant successivement à des bains de phosphate de sodium et de nitrate d'argent. Après exposition, les images étaient fixées à l'ammoniaque, solvant qui était en outre utilisé pour la préparation du bain sensibilisateur. Il ajoutait que la préparation pouvait être étendue sur la toile des peintres. En ce sens, il n'y a guère de différence avec la méthode retrouvée dans les notes de laboratoire de Herschel, datée de janvier 1839.
Dans une variante à cette méthode, qui le fait se rapprocher étrangement de celle de Bayard, il laissait le papier "noircir" à la lumière, puis le trempait dans une solution d'iodure de potassium et attendait la décoloration lors de l'exposition en chambre obscure...
Comme les précédents, ce procédé n'eut aucune extension industrielle malgré la tentative de Lyte, vers 1856, mais cette fois avec des papiers à l'albumine.
Franz von Kobell
Les créateurs
Le 25 mai, les membres de la "Society of Arts of Scotland" se réunissaient pour écouter l'un des leurs présenter "une méthode simple et bon marché de préparation d'un papier pour les besoins photographiques". L'auteur en était un Anglais du nom de Mungo Ponton, qui offrait enfin quelque chose d'inédit, d'imprévu aussi, parce que toutes les oreilles, en ce printemps de 1839, étaient pleines de noms chimiques où les sels d'argent occupaient une place impériale...
Mungo Ponton avait constaté depuis un certain temps un fait surprenant : la photosensibilité des sels de chrome 63. Sa méthode était étonnamment simple : il trempait un papier dans une solution saturée de bichromate de potassium et séchait au feu. Dans cet état, la feuille apparaissait d'une teinte générale jaune clair. Il soumettait alors sa feuille à la lumière et elle virait à l'orange foncé. De la sorte, il put décalquer des feuilles d'arbres, des motifs de dentelle, ou tout autre objet plan au contact de son papier. Le fixage était encore plus simple : un simple lavage à l'eau pure suffisait à éliminer les parties qui n'avaient pas réagi, laissant une image orangée sur fond blanc 64.
Cette proposition est intéressante à plus d'un titre et cela bien que les résultats aient été inférieurs à ceux obtenus, sur le plan de la qualité et surtout de la sensibilité, par Daguerre et Talbot. Il n'en reste pas moins que ce que Mungo Ponton pressentait dans sa communication du 25 mai devait se réaliser quelques années plus tard : les sels de chrome utilisés de cette manière avaient la propriété d'insolubiliser les colloïdes tels que la colle, la gélatine, la gomme arabique. Sa méthode devait ouvrir la voie à tout une série de procédés de reproduction photomécanique et autres, procédés artistiques au charbon par exemple. Si lui-même ne put rien réaliser de ce genre, il en fut plus que l'initiateur, puisqu'il en avait entrevu l'extension future "en aidant aux opérations du lithographe" dit-il 65.
Il faut aller en Belgique pour découvrir le dernier nom découvert dans cette liste impressionnante des inventeurs de 1839. Il y avait une fois un pauvre étudiant en médecine d'origine allemande, nommé Breyer, qui résidait à Liège, et un jour, il s'aperçut que, sur un papier au chlorure d'argent qu'il avait préparé pour enregistrer des images au microscope solaire, s'étaient décalquées des inscriptions portées par une feuille sous-jacente. Il ne suffisait pas de le remarquer, encore fallait-il en tirer les conséquences. C'est ce qu'il fit, après de nombreux essais, par le dépôt d'un pli cacheté à l'Académie des sciences de Bruxelles, le 14 août. Mais, comme l'époque des vacances était arrivé, on différa l'ouverture du pli en octobre seulement. La divulgation de Daguerre eut lieu le 19 août. Le monde entier parla de la découverte, tous les inventeurs se turent...En novembre, Breyer adressa de nouveaux documents... et n'en reparla jamais plus. Eh bien ! Breyer venait tout simplement de découvrir ce que nous appelons la "réflectographie" 66, un moyen très simple de reproduction de documents, moins onéreux et plus rapide que l'imprimerie ou le labeur des copistes. Elle fut oubliée pendant 50 ans puis réinventée sous des noms divers. On sait de nos jours les services qu'elle rend dans tous les bureaux pour la reproduction des documents dont la conservation permanente n'est pas indispensable.
Que s'est-il passé, en ce qui concerne Breyer ? Personne ne l'a jamais bien su. Il devint médecin, s'installa, exerça et mourut en Belgique sans avoir jamais repris contact avec la photographie, sans même en avoir parlé et, si nous n'avions eu la chance de lire les Comptes rendus de l'Académie royale des sciences de Belgique, pp. 369 à 375, il est très probable que Breyer serait encore oublié de nos jours 67.
Microscope solaire. Avec l'aimable autorisation de la Maison Carl Zeiss, Oberkochen.
Au même titre que Mungo Ponton, Breyer n'a rien indiqué, n'a rien poursuivi de ses travaux, mais c'est pourtant grâce à ses remarques qu'une exploitation intéressante put avoir lieu et orienter ses successeurs à prendre une voie nouvelle.
Conclusion : Le coup de fouet, donné par Arago à l'aube de 1839, eut pour effet de faire surgir de tous les coins du monde des noms nouveaux, des gens qui pensaient avoir quelque chose de nouveau à présenter et qui, dans leur esprit, devait être nécessairement différent de ce que proposait Daguerre. Parmi ceux-ci, quatre seulement avaient des solutions vraiment originales. Toutes, pourtant, ont été abandonnées (ou oubliées). Pourtant l'idée doit faire son chemin, plus ou moins vite, et l'on ne devrait pas tellement s'étonner de savoir qu'un futur procédé révolutionnaire a ses racines profondes du côté de 1839. L'exemple de Breyer et l'extension au procédé de Ponton semblent indiquer la tendance, mais dans cette étude, j'ai simplement voulu lire la presse de 1839... c'est ce que l'on ne trouve pas dans les manuels d'histoire de la photographie.
Le peu que nous en avons dit n'est probablement rien à côté de ce qui a été oublié. Il faudrait des années de recherches, et, à ce propos, je serais toujours fort reconnaissant de recevoir, tout renseignement complémentaire ou tout document concernant la photographie en 1839.
- 48. Les carnets de laboratoire sont toujours inédits dans leur intégralité, mais cependant, à plusieurs reprises, on en a publié des extraits ("Photographic News", du 15 juin 1872, pp. 153 à 155 ; "Photographic Journal, sept. 1937 ; "Image", sept. 1959 pp. 132-136, ces derniers par H. et A. Gernsheim.) ▲
- 49. Herschel, bien que collègue de Talbot, ne connaissait pas encore la méthode utilisée dans touts ses détails, puisqu'on peut lire à la date du 1er février 1839, après une visite qu'il lui fit à Slough : " Il m'a montré des échantillons de ses résultats, mais n'a pas expliqué son procédé qu'il appelle le fixage." ▲
- 50. Voir surtout l'Expérience 1013 (p. 362 du carnet). Non seulement cette expérience est capitale puisqu'elle nous révèle la date de la première mention de l'hyposulfite de sodium en photographie, mais parce qu'Herschel y parle d'une image sur papier obtenue à la chambre noire. Ceci me semble plus que suffisant pour permettre d'inclure Herschel parmi les véritables inventeurs de la photographie. ▲
- 51. On attribue à Talbot l'utilisation de l'hyposulfite comme agent de fixage (Stenger : "Siegeszug... p. 43) alors que, pourtant, dans sa lettre à Biot des 20/21 février 1839, il indique (C. R. Ac. Sc. du 25 février) : "Mon excellent ami, Sir J. Herschel m'a communiqué ces jours derniers une méthode très belle de son invention pour la conservation des tableaux photogéniques", et surtout dans celle du 1er mars, lue à l'Académie le 4 (C. R. p. 341) : "La quatrième méthode, et qui vaut à elle seule toutes les autres ensemble, c'est de laver le dessin avec de l'hyposulfite de soude." ▲
- 52. Stenger écrit ("Siegeszug der Photographie", p. 195) : "Das Wort Photographie wurde zum erstenmal in aller Öffentlichkeit am 25. Februar 1839 gebraucht (...) in einem Bericht der "Vossischen Zeitung" in Berlin, den wir dem deutschen Astronomen Johan Heinrich Maedler (1794-1874) zuweisen können."
Une lettre de Sir J. Herschel, conservée au Science Museum de Londres, datée du 28 février, comporte cet intéressant renvoi : "Your word photogenic recalls van Iman's exploded theories of thermogen & photogen. Il also leads itself to no inflexions and is out of analogy with litho and chalcography." Donc, Herschel créait le mot "photography" en s'appuyant sur des considérations philosophique for précieuses, et le confiait officiellement à son ami Talbot. L'extrait du journal pour le 13 février 1839 a été publié par H. Gernsheim dans "Image" de 1959, p. 136 : "Fine sunny day. At work all day with great interest and success at Photography and chemical rays. Discovered Talbot's secret, or one equivalent to it. It is ferrocyanate of potash. It fixes the optical images." ▲ - 53. Publiée dans la "North British Reviews", août 1847, pp. 465 à 504, et par Robert Hunt : "Researches on Light", pp. 85-86 de l'éd. de 1854. ▲
- 54. Dans le compte rendu de la présentation du procédé de Steinheil et Kobell, le 13 avril 1839, à l'Académie bavaroise des sciences, qui a été publié dans les "Gelehrte Anzeigen" du 3 juillet (N° 132), on peut lire cette phrase étonnante : "Wendet man statt des Ammoniaks unterschweflicht saures Kali an, welches auch schon längst als ein Auflösungsmittel für Chlorsilber bekannt war, worauf aber neuerlich Dumas wieder aufmerksam gemacht hat, so kann man das Papier, d. h. den Grund der Zeichnung, ganz weiß erhalten, die Zeichnung nimmt aber eine dunkelviolette, bey längerem legen in demselben eine grauschwarze Farbe an." Mis à part la mention d'hyposulfite de potassium, je pense que personne n'a songé à souligner l'importance du fait avancé ici. ▲
- 55. Pour Lassaigne voir : Lettre à l'Académie des sciences, C. R. du 8 avril 1839, p. 547, et "Echo du Monde savant", du 10 avril 1839, pp. 227-228 ; pour Vérignon, voir les C. R. Ac. Sc. 1840, p. 336 et pour Bayard, à la suite, p. 337. ▲
- 56. On appelle positif direct une image dans laquelle les ombres et les lumières se trouvent dans le sens normal, telles que les voient nos yeux, mais cette méthode inversait spéculairement les positions, plaçant la gauche à droite et réciproquement. ▲
- 57. Consulter en particulier le rapport de Raoul-Rochette devant l'Académie des beaux-arts présenté le 2 novembre et publié dans le Moniteur officiel du 13 novembre 1839 (N° 317, pp. 2009-2010). ▲
- 58. Sur Reade, voir encore R. Hunt "Researches on Light" (2e éd.), et les lettres publiées en français par "La Lumière", des 27 mai et 15 juillet 1854, ainsi que le "Philosophical Magazine" de 1854. ▲
- 59. Dans la lettre du 9 mars 1839, on lit : "When perfectly dry and just before it (the paper) is used, I wash it with an infusion of galls prepared according to the Pharmacopaiae, and immediately even while it is wet, throw upon it the image of microscopic objects by means of the solar microscope (...) This paper may be successfully used in the camera obscura." ▲
- 60. D'après "La Lumière" du 15 juillet 1854, qui donne la traduction d'une lettre à Fox Talbot du 24 juin : "Vous avez peut-être oublié qu'au meeting de l'Association britannique d'Oxford, j'eus un court entretien avec vous, relativement à vos épreuves colorées. Je me présentai à vous comme parent de votre ami et voisin, Sir John Awdry, et je vous annonçai que j'avais employé une infusion de noix de galle pour les épreuves microscopiques, et que je fixais avec de l'hyposulfite de soude, avant que vous prissiez votre brevet (...) En conséquence, pour l'exactitude des progrès de l'art, il doit m'être permis de publier cette lettre comme le seul moyen qui me reste de traiter cette question;" ▲
- 61. On peut lire dans "Erdmann's und Marchand's Journal für praktische Chemie" (T. XVIII, 1839, p. 111), que Petzhold avait songé, lui aussi, à se servir d'acides organiques pour réduire les sels d'argent : "Es gibt organische Säuren, z. B. Gallussäure, Tanninsäure und mehrere andere, welche beim zusammentreffen mit salpetersaurem Silberoxyd das Silber nur bis zum Oxydul reduciren, also reien schwarzen Körper ausfällen, während sie bei passender Behandlung unter Einfluß des Lichtes reines, weißes metallisches Silber geben." Cependant, ces travaux ne semblent pas avoir été poursuivis." ▲
- 62. "Edinburgh New Philosophical Journal", juillet 1839, p. 144. La traduction allemande parut dans le "Dingler's Polytechnisches Journal" en 1839, p. 55 sq. ▲
- 63. "In the case of the bichromate of potash, again, that salt is exceedingly soluble and paper can be easily saturated with it. The agency of light not only changes its colour, but deprives it of solubility, thus rendering fixed in the paper." ▲
- 64. Il n'apparaît pas, dans le Mémoire de Fyfe, que cet auteur ait fait autre chose que décalquer des objets de transparence variable. Il cite toutefois la reproduction de dessins gravés sur verre recouvert d'un vernis opaque, méthode qui devait être utilisée avec un rare bonheur par Corot en particulier, pour la préparation de ses "négatifs artificiels". ▲
- 65. La personnalité d'Enzmann, déjà évoquée, pourrait être étudiée ici. Il décrivit en effet ses recherches dans la "Gewerbeblatt für Sachsen" en 1839 (N° 37), et ses travaux sont voisins de la photographie prise dans son sens large. Il utilisait la photosensibilité des sels de manganèse (oxyde) et décrit un procédé par décoloration mais, dit-il en conclusion : "Doch ist dieser Weg schon sehr unpraktisch." On peut donc, non pas l'éliminer, mais simplement penser que ses essais ne lui semblaient pas concluants. ▲
- 66. Erich Stenger nomme sa méthode "Breyerotypie" dans son étude "Aus der Frühgeschichte der Photographie", chap. I. ▲
- 67. J'ai pu retrouver une annonce faite par Morren "sur le procédé héliographique de M. Breyer, demeurant à Liège", dans le "Bulletin de l'Académie royale des sciences et belles-lettres de Bruxelles" (T. VI, N° 2, p. 293), qui renvoie à sa séance du 9 novembre 1839 le compte rendu "des nouveaux résultats qui sont dus à M. Breyer". Pourtant, il n'est pas sans intérêt de mentionner que, le 9 avril, le journal belge "L'Espoir" avait déjà fait allusion à la méthode de Breyer. Ceci était complètement passé inaperçu. ▲