Biographie de Pierre G. Harmant
par R. Derek Wood
L'historien français de la Photographie, Pierre Georges Harmant (PGH) est mort à l'âge de 73 ans à Charenton-le-Pont le 18 janvier 1995. Probablement plus connu en France pour ses recherches sur Niépce, et dans les pays anglo-saxons pour son important article 'Anno Lucis 1839' publié d'abord dans Camera de Lucerne en 1960, ses recherches sur les débuts de la photographie mettaient l'accent sur les brevets, Niépce, Daguerre, et les microfilms 'pigeongrammes' du siège de Paris de 1870. Un examen de la liste de ses articles démontrera que nous devons un respect considérable à Pierre Harmant, peut-être plus particulièrement pour la belle recherche qu'il a rendue disponible sur Niépce, et qui repose sur des sources de première main.
Pierre Georges Harmant, fils unique de Fernand Pierre Harmant et Alice Henriette née Fournier, est né à Charenton-le-Pont, Seine, France, le 19 juillet 1921. Il a fait ses études au lycée Charlemagne à Paris, au lycée Marcellin-Berthelot à Saint-Maur-des-Fossés, et à l'Ecole des Chartes. A l'âge de 21 ans, au milieu de la Seconde Guerre Mondiale, dans la France Occupée, il commença de travailler à la Bibliothèque Nationale de Paris où il espérait faire carrière. Néanmoins, en Août 1943, les Allemands l'envoyèrent au STO dans une usine aéronautique à Wiener-Neustadt, Autriche. Il travailla surtout comme interprète au camp, au moment où celui-ci était soumis à de violents bombardements américains. En Novembre 1943, il s'évada par le train, arrivant à Berlin pendant une période de bombardements d'annihilation intensifs par les forces aériennes britanniques. PGH fut repris près de Hambourg et remis au travail (Kommando 553, Stalag XA) à l'usine d'explosifs de Geestacht Düneberg près de Hambourg. S'évadant finalement le 13 Avril 1945, après une semaine il rencontra un régiment anglais avançant sur Hanovre, et regagna sa maison de Charenton le 8 mai 1945 - le jour de la Victoire. Immédiatement après la guerre PGH retourna travailler à la Bibliothèque Nationale où il resta trois ans jusqu'en Décembre 1948. A Charenton-le-Pont le 24 Avril 1948 il épousa Claude Jeanne Bourdens. Leur fille Claude Alice naquit en 1950. Tout au long de 1949, PGH fut employé par les éditions photographiques Paul Montel à Paris. Au début de 1950, il devint chimiste, et plus tard agent technique au Service des Brevets de Kodak-Pathé à l'usine de Vincennes, où il resta 13 ans. La Société Française de Photographie emménagea dans de nouveaux locaux en 1955 et PGH apporta son aide. Il devint membre du conseil de la SFP de 1957 à 1960, servant la Société comme archiviste pendant ce temps. Après avoir démissionné de Kodak-Pathé en février 1963 il travailla trois ans comme documentaliste et traducteur de brevets, à la société Brevatome (brevets de recherche nucléaire) à Paris. Après 1966 il devint indépendant, travaillant sur les brevets, particulièrement dans les domaines de la chimie, de la pharmacie et de l'énergie nucléaire. Les possibilités de travail dans la traduction de brevets se réduisirent sévèrement dans les années 1980 et PGH prit sa retraite à la fin 1983. De 1947 à Décembre 1952, Pierre Harmant avait été prolixe d'articles techniques, particulièrement sur le film couleur et les procédés couleurs, au Photographe, à Photo-Cinéma, au Progresso Fotografico italien, et au Schweizerische Photorundschau. Pourtant, ces articles ne portaient que rarement son nom. Au lieu de cela, ils parurent soit anonynement, soit sous les pseudonymes de 'R. Tharitamp' (anagramme), 'Piero Carentoni' ou 'René Wilfried'. Pendant trois ans, de Février 1956 à Février 1959, sa série mensuelle 'Dictionnaire Photographique' parut anonymement dans l'Officiel de la Photographie, et de Février 1957 à Juin 1959 dans Photo-Revue il écrivit une autre série mensuelle, sous le nom de René Wilfried, sur les 'Travaux en couleurs'. Pendant cette période, à la fin des années 1950, son premier écrit concernant l'histoire de la photographie fut publié quand il eut atteint l'âge de 36 ans avec 'De la Camera au Cinémascope, la Photographie est née et à grandi en France", qui fut publié sans nom d'auteur dans France Actuelle du 15 Mars 1958. La liste de ses travaux à partir de cette année-là sur l'histoire de la photographie est détaillée ci-après. Elle a été modifiée et annotée d'après sa propre liste complète, qu'il a probablement établie en 1963 et 1980.
Ses écrits non-historiques sur la photographie et le cinéma réalisés depuis la fin des années 1940 jusqu'en la première moitié des annnées 1960 sont en dehors du champ de cet article. Pendant les années 1980, PGH abandonna ses recherches sur l'histoire de la photographie. Il ne trouvait aucun encouragement ou aide à la publication, ses concitoyens semblaient manquer d'intérêt pour le sujet. Après avoir pris sa retraite, il se tourna vers d'autres recherches historiques, sur la généalogie et l'histoire locale. Il était membre de la Société d'Archéologie de Charenton-Saint-Maurice. La découverte en 1986 du sarcophage d'un jeune anglais mort en 1636 fit naître son intérêt pour ce qui fut son dernier projet publié. Le déchiffrage d'une inscription latine montra que le corps était celui d'un certain Thomas Craven, frère du Baron Craven, de Hampsted-Marshall, Berkshire, Angleterre, et que le sarcophage relevait de l'histoire du protestantisme en France au dix-septième siècle. 'Quelques réflexions sur la découverte d'un sarcophage dans un chantier en cours de rénovation à Saint-Maurice' fut publié dans CLIO 94 : Bulletin des sociétés d'histoire et d'archéologie du Val-de-Marne, 1991, 50-76. Pourtant, même dans ses dernières années, quand la maladie lui était un lourd fardeau, Pierre Harmant demeura, comme toujours, prêt à torturer sa robuste machine à écrire et lui-même pour discuter et aider ses correspondants à démêler l'histoire enchevêtrée des découvertes premières de la photographie. A jamais enthousiaste, il était dans le meilleur et le vrai sens du terme, amateur d'histoire.